vendredi 30 mai 2014

Varanasi, l'Inde dans tous ses etats

Namaste!

Nous en etions restes a Delhi, or voici que nous sommes a peine de retour de Varanasi et j'ai plein de choses a vous raconter avant de repartir demain pour notre derniere destination en Inde, le Ladakh et ses cimes bouddhistes. Au fait, pourquoi on fait des aller-retours comme ca? Tout simplement pour des raisons climatiques car jusqu'a present il faisait trop froid au Ladakh (les routes des cols pour y arriver commencent a peine a etre deblayees, du coup on y va en avion) et aussi pour des raisons administratives (on doit aller et revenir a Delhi pour faire les visas pour notre prochaine destination. Suspense...). Mais revenons a nos vaches a Varanasi. La aussi on a fait l'aller-retour en avion car franchement se taper deux jours de bus et de train en Inde c'est juste pas possible quand il fait 45 degres (oui oui, record battu aujourd'hui: 47 degres avant l'orage du soir).

Varanasi est un des lieux habites les plus anciens au monde (le titre est dispute entre Jericho et Varanasi mais a en croire les locaux, 'la ville a ete fondee par Shiva en meme temps qu'il a cree le Gange il y a 100.000 ans'. Bien sur). C'est un lieux sacre pour les hindoux qui viennent venerer le Gange (Ganga) et se purifier de leurs peches en y faisant leurs ablutions, mais surtout en raison des cremations qui parait-il menent les morts directement au Nirvana.
Rassurez-vous, nous n'avons jamais touche l'eau du fleuve....

Je faisais reference a l'Inde dans tous ses etats car ici tout est reuni: la foule des humains, les vaches qui errent dans les rues de la vieille ville et le long du fleuve, et les morts dont on "s'occupe" a deux endroits precis. Ici encore il faut oublier ses reperes: humains et animaux, vivants et morts se cotoient dans un desordre que seul des Indiens peuvent comprendre.

Nous avons passe des heures sur les 'Ghats' (les escaliers) a observer toute cette faune et ses rituels dont la grande partie nous echappe. Des indiens de tous ages s'immergent dans le fleuve en psalmodiant leur prieres. Juste a cote, des lavandieres et de robustent gaillards lavent du linge en le savonnant et en le frappant sur des pierres. Plus loin un troupeau de buffles se trempe dans le fleuve et sur la rive des gamins improvisent un match de criquet en prenant soin d'eviter les bouses de vaches. La rive est non seulement amenagee en escaliers mais aussi parsemee de vieux palais, parfois a peine entretenus, construits au fil des siecles par des Maharajas de toute l'Inde.
Salutation au fleuve

Le soir, au coucher du soleil, nous avons assiste aux celebrations de 'salutations au fleuve', avec des centaines de spectateurs sur des barques et une foule compacte sur les ghats. Pendant une heure, un groupe de Brahmanes, alignes sur la rive, execute un long rituel coordonne avec de l'encens, des torches et divers objets sacres au son d'un orchestre assis derriere eux. Tout ca est tres organise, avec haut-parleurs, lumieres, CD en vente pendant le spectacle et service d'ordre minimum pour que les gens restent assis. Au milieu de la foule, les Sadhus sont assis et proposent de se faire prendre en photo contre quelques roupies: ils sont chevelus, le visage peint, le corps a peine couverts et ils n'ont rien, ils dorment dehors sur les marches et se nourrissent de ce qu'ils recoivent en aumone. Sur le fleuve flottent les cierges entoures d'oeillet d'Inde que les pelerins (et meme nous!) deposent pour proteger leur famille.



Et puis il y a les cremations. Alors oui, ca se voit et ca se visite, pour la simple raison que c'est la, sous les yeux de tous. Il y a deux Ghats de cremation: un bucher principal de bois, au nord, et une cremation 'electrique' au sud, mais qui comprend aussi un lieu de cremation au bois. Nous n'avons pas eu l'envie ou la curiosite morbide de nous approcher de trop pres, mais a moins de faire un enorme detour dans les ruelles crasseuses de la vieille ville il est impossible d'echapper a la vue des cremations. La legende veut que le bucher principal ne ce soit jamais eteint depuis des millenaires, et en effet lors de notre tour en bateau a l'aube, des 5 heures du matin des barges chargees de bois venaient ravitailler en combustible les cremations qui battaient deja leur plein. Pour etre precis, certaines categories de personnes ne peuvent pas etre brulees et leur corps est laisse 'tel quel 'au fleuve: les bebes, les femmes enceintes et les personnes mortes de morsures de serpents. Quand on demande aux indiens s'ils ne trouvent pas ca degueulasse, de laisser ces cendres et ces corps dans le fleuve qui baigne leur ville, ils repondent prosaiquement que 'les poissons s'en occuppent, et les poissons sont dans le fleuve, et le fleuve a ete cree par Shiva, donc les corps vont a Shiva'. A la fois mystique et logique. Voila, malgre nous, nous avons donc apercu ce que l'on ne voit jamais dans un pays occidental. Mais ici a Varanasi, la mort fait partie de la vie.
Le Ghat des cremations

C'est donc assez surrealiste de voir tout ce petit monde depuis la terrasse de notre hotel, en sirotant gentiment un jus de fruits, et d'entendre le son des prieres la nuit alors que nous sommme allonges sous le ronronnement du ventilo (je precise que l'hotel etait nickel, un des meilleurs services depuis qu'on est en Inde). Que de contrastes....

Ca c'etait Varanasi la fascinante. Il y a aussi Varanasi la degoutante.... Amis lecteurs qui n'etes jamais alles en Inde: si vous voulez aller en Inde, ne commencez pas par Varanasi. Depuis le temps qu'on est la, on a vu que l'Inde est certainement le seul pays au monde ou on peut voir: un policier pieds-nus regarder sans broncher des voitures qui grillent les feux rouges, des immeubles construits avec des echaffaudages de bambou, un serveur de restaurant se brosser les dents pendant que vous mangez, un type accroupi au bord de la rue se faire chauffer un the en faisant bruler des bouses de vache sechees, des vaches et des tracteurs en contresens sur l'autoroute, etc. Mais la crasse de rues de Varanasi, ca c'est inoui, c'est innommable. Je n'arrive pas a comprendre comment un peuple avec une telle spiritualite, une telle culture artistique (et culinaire, par exemple), et qui plus est une democratie de plus d'un milliard d'habitants, bref, je ne comprends pas comment ces gens peuvent vivre entoures d'une telle salete. Ca me depasse, et le pire c'est que parfois on dirait qu'ils font expres. A Varanasi ils ont installe des urinoirs sur certains Ghats, mais tous les mecs pissent systematiquement A COTE. C'est effarant, il n'y a simplement aucune notion d'espace public: pour eux c'est un vide ou on fait literallement tout ce qu'on veut....

Bon, encore un mot sur Delhi avant de finir: mis a part l'hyper-centre ou se trouvent les hotels et old Delhi, la ville est dans l'ensemble plus ordonnee et plus moderne que le reste du pays. Une experience incroyable est le metro: apres la cohue, le passage des portiques de securite aux rayons X (dans chaque station...) et l'achat du jeton a usage unique, on se retrouve dans des rames parfaitement modernes, calmes, propre et climatisees... c'est un havre de paix dans le foutoir indien et rien que pour ca je suis pres a depenser les 15 centimes du trajet. Mais des qu'on veut sortir ou rentrer, l'Inde normale reprend ses droits et il vaut mieux ne pas etre agoraphobe..

Deux mois d'Inde.. et voila le look ...
Voila, portez-vous bien! --- MARC

jeudi 22 mai 2014

Ou l'on s'endort pres des neiges himalayennes!

Namaste les ami e s!
Marc vous avais laisse apres la fete de la petite ville de Manali, une sorte de kermesse qui m'a beaucoup rappele les messti de mon enfance en Alsace du Nord. Tous les ingredients y figuraient, friandises trop sucrees - en l'occurence des sortes de fin bretzels frits et plonges dans un sirop sucre-, maneges - mais pas d'auto stop malheureusement!- marche avec sous-vetements et ustensils de cuisine en tous genres, musique et chants. Sauf que les deesses et les dieux transportes sur leurs palanquins remplacaient les miss messti portees sur leur char en Alsace!!!

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mais nous avons entre-temps vecu de belles aventures en montagne, un reve de longue date se realise donc: aller voir de plus pres ces montagnes mythiques. Nous sommes donc partis vendredi matin pour 3 jours de trek autour du Hamta Circle pres de Manali. Cette expedition nous a emmene tout autour d'une jolie petite vallee avec de magnifiques forets et des vues spectaculaires sur les somments environnant a 4000, 5000, 6000m, encore enneiges a cette periode de l'annee. Et d'ailleurs, de le neige, nous en avons eu - qui excedait un peu les caracteristiques technique de mes  chaussures de trail, beau cadeau de depart de mes amies du Lobby, elles ont deja fait bien du service celles-ci!!
Nous sommes donc partis a 8: 3 client e s -Marc, Sandra, une germano-australienne de 35 ans et moi-, Jogi et Sarah, le couple indo-germanique de guides qui organise les treks et 3 porteurs nepalais, j'y reviendrai. 
 
Sarah et Jogi en train de faire la cuisne, popcorn au sommet comme en-cas!
 Pour la premiere journee, nous sommes montes au-dela des villages de maisons de bois dans de tres belles forets de conniferes, melezes et differentes sortes de sapins gigantesques et tres beaux. Avons d'ailleurs pu observer de curieuses methodes de "gestion" des arbres: certains brules par en bas avec juste une cavite a l'interieur des troncs " pour servir de refuge chauffe" (???) d'autres aux tronc coupes aux 2/3 a la hache mais qui tenaient encore debout, sans doute des braconniers qui attendaient que les arbres tombent pour pouvoir recuperer ce bois precieuxx - et officielemment interdit de coupe.

Apres 5 belles heures de marche, nous sommes arrives a notre premier bivouac a Jagatsukh (2015m) une prairie d'altitude avec un ruisseau, indispensable car c'est cette eau des montagnes qui nous servira a boire, faire la cuisine, faire -un peu!- notre toilette pendant 3 jours.
La tente  cuisine et dortoir des guides et porteurs
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Quelques mots sur l'intendance de l'expedition qui nous a quand meme apporte quelques surprises. Nous avions effectivement des porteurs pour tout ce qui n'etait pas nos affaires personnelles: tentes, matelas, tente de cuisine, couvertures, materiel de cuisine, y compris un poele au kerosene, et bien sur, nourriture emballee pour 3 jours et 8 personnes dans une cantine de fer ... Nutella compris, cantine portee a meme le dos du porteur... 
 
Les porteurs sont toujours nepalais la-bas, comme d'ailleurs les hommes et le femmes qui font les travaux de force ou souvent, qui travaillent comme serveurs ou cuisiniers. Ils viennent en Inde pendant la saison, et envoient la plus grand partie de leur salaire a leur famille souvent restee au Nepal (parfois dans des villages a plus de 2 ou 3 jours de marche de la route principale). Nos 3 porteurs avaient entre 18 et 22 ans et portaient entre 15 et 25kg sur le dos avec un bandeau passe sur leur front et des bottes en caoutchouc. Je ne sais pas si je vous etonnerai en ecrivant qu'ils allaient souvent plus vite que nous?!
 
Bref, avoir des gens qui portent tout ce dont vous avez besoin pour survivre mais qui eux, ne possedent quasiment rien est la forme la plus directe de l'exploitation du travail d'autrui, sans compter les differentes strates sociales entre les indiens, les nepalais, les occidentaux.
 
Nos 2 guides Jogi, jeune indien tres charismatique et Sarah, jeune allemande tres allemande (egalement en couple dans le civil) etaient vraiment a la fois pro et tres sympas et apparemment pas trop du genre a sur-exploiter les porteurs, d'ou notre choix.
Et le travail des porteurs a pris toute sa signification quand est arrivee l'heure du diner et que Jogi a commence a faire preuve de ses talents de cuisinier. Dans 1m carre d'espace, assis en tailleur devant son unique bruleur de kerosene, il nous a chaque soir prepare des diners de 7 preparations vegetariennes differentes et toutes succulentes: 1 soupe pour commencer, puis 1 dahl (plat de lentilles), 2 plats de legumes ou de pommes de terre differents (dont un delicieux saute de pousses de fougeres sauvages), du riz, des chapatis (galettes de farine de ble cuites directement sur la flamme) et meme, un dessert. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous en avons profite pour bien observer tous ses gestes pour essayer de refaire tout cela une fois que nous aurons une cuisine mais c'est un peu complique d'autant que Jogi cuisine uniquement a l'odeur pour voir si le riz ou les plats etaient cuits ou correctement epuises. N'empeche, nous avons glane quelques idees.
 
Notre premiere nuit en tente ne fut pas si fraiche que ca finalement malgre le temps plutot moyen, mais nous nous sommes mlagre tout felicite de nos investissements recents en couvertures en laine de yak, chaussettes et bonnets de laine du Nepal (on en sort pas) et leggings tres seyants pour Marc. Il faut dire aussi que j'ai eu la chance de beneficier d'un sac de couchage allant jusqu'a -5 degres d'une celebre marque francaise commencant pas un Q (sacs, tentes et matelas fournis par l'agence).
















Deuxieme jour et un peu plus de montees et de challenges avec la traversee de plusieurs neves y compris transversaux qui de mon cote, ont mene a quelques glissades sans consequences (ah, ces touristes qui montent a 3000m dans la neige en baskets...). Arrivee a notre 2e camp a Chikka (3300m) juste a la limite de la neige (en fait, quasiment DANS la neige!) sur une avancee herbeuse avec vue a 90 degre sur les chaines de montagne autour, vue a couper le souffle, surtout quand le soleil a daigne montrer son nez en debut de soiree. Et puis bien sur encore un festin sous la tente de cuisine ou nous avons aussi pu observer la quantite enoooooorme de riz mangee par nos porteurs, il faut bien ca pour arriver a trimballer la cantine sur son dos!



 
















Deuxieme nuit plus froide quand meme, sans doute pas loin de zero sous ces milliers d'etoiles (un ciel incroyable aussi meme si je ne veux pas exagerer avec les superlatifs). Donc Marc a eu un peu froid, mais de mon cote, j'ai remercie les chercheurs en biothermie pour vetements de sport et ai roupille tout mon saoul (avec double chaussettes, bonnet et double polaire quand meme!). Malgre tout, je ne pensais pas un jour camper dans l'Himalayas dans la neige  a plus de 3000 et en garder un souvenir agreable.




















Le lendemain, petit dejeuner royal a tous les points de vue: la vue avec le soleil et des crepes au Nutella, incredible India!


Pour le 3eme jour de trek, beaucoup de descente de l'autre cote de la vallee, en passant plus bas donc au milieu des troupeaux de chevres et de moutons et des tapis d'isris, malheureusement pas encore en fleur. Et puis apres une solide descente de 1000m de denivelle, nous avons dit au-revoir a Jogi et Sarah en leur souhaitant bon vent pour toutes leurs folles aventures (expeditions de 500km a velo vers le Laddakh sur les routes les plus hautes du monde et autres petites folies qui ne leur font pas trop peur!!!)



















 
Nous voila donc depuis hier a Delhi, descendus des montagnes, un petit choc thermique quand meme car il fait bien 35 degres ici. Le bus du retour (Volvo de luxe, meme pas le tracteur de bus local) a mis16 heures pour faire les 500 kilometres, sur des routes pourries, sans ponts dignes de ce noms et dans des gorges impressionantes, et dire que c'est l'une des routes les plus touristiques d"Inde...

Au menu pour les prochains jours, preparer la suite du voyage, visite d'Agra et depart pour Benares dimanche.

 



 
















Grosses bises a tout le monde et n'oubliez pas d'aller voter dimanche!

vendredi 16 mai 2014

Himalaya nous voila

Salut les cocos! Je vous previens, aujourd'hui y aura de la matiere... La derniere fois nous en etions restes au Rajasthan, qui nous parait deja a des annees-lumiere puisque nous sommes deja dans les contreforts de l'Himalya depuis une dizaine de jours. Donc reprenons dans l'ordre!

On a quitte le Rajasthan avec comme plan un train de nuit pour Delhi, puis un autre train pour un trou appele Pathankot, point de depart pour monter a Dharamsala, au pied de l'Himalya, le surlendemain. Sauf que le train pour Pathankot a pris du retard (comme d'habitude, un petit 50 km/h) et on s'est gentiment assoupis en route, pour nous reveiller au terminus a minuit, et en sortant de la gare il nous a semble bizarre de voir plein d'uniformes militaires et de batiments en peinture de camouflage. Normal: on s'est retouves a Jammu, la ville de garnison a la frontiere avec le Pakistan et le point d'entree pour le Kashmir. Les locaux nous ont assures qu'on pourrait tranquillement passer la nuit sur place pour une centaine de roupies (un peu plus d'un euro) dans une des guesthouses pres de la gare avant de repartir dans l'autre sens le lendemain. On a gentiment decline et on a litteralement saute dans le premier train qui repartait dans l'autre sens (je ne sais pas pourquoi, mais Jammu by night, je ne le sentais pas trop...). Donc retour a Pathankot avant l'aube, d'ou nous avons pris un taxi sur le coup de 6h du mat pour enfin arriver a Dharamsala a temps pour le petit dejeuner. Du coup notre arrivee au lieu de residence du Dalai Lama s'est fait dans la belle lumiere du soleil levant, mais mes paupieres lourdes ne m'ont pas laisse profiter pleinement de ces deux heures de magnifiques routes en lacets.
McLeod Ganj, accroche a la colline
Villageoise au-dessus de McLeod Ganj

Dharamsala... Pour les occidentaux c'est en effet un nom assez exotique et connu principalement a cause du Dalai Lama et de la diaspora tibetaine qui s'y est installee depuis l'invasion du Tibet par la Chine, officiellement pour 'liberer' les tibetains de 'l'opium' de leur religion et de leur traditions . Mais soyons precis: Dharamsala est en fait un gros bourg assez quelconque et c'est a McLeod Ganj, a 200m d'altitude, a une dizaine de kilometres apres Dharamsala, que se trouve la vraie ville tibetaine (McLeod etant le nom du dernier gouverneur britannique du coin). Apres les guerres Sino-tibetaines de annees 50, et quand le Dalai Lama a du fuir la Chine, le gouvernement indien de l'epoque a offert ce coin de terre a la premiere vague de refugies tibetains, en 1960. Depuis, tout tourne autour de 'His Holiness', c'est a dire 'sa saintete' le 14e Dalai Lama, Mr Tenzin Gyatso pour l'etat civil. Rappelons quand meme sur 6 millions de tibetains, plus d'un millions sont morts des suites ou a cause de l'invasion chinoise: conflits armes, famine, torture, deplacement forces des populations nomades, et plus recemment pollution massive des sols a cause de l'extraction miniere.... Sans parler de la colonisation du Tibet par des millions de Chinois depuis 20 ans, ce qui fait que le nord de l'Inde (en particulier le Ladakh, ou nous irons plus tard) est 'plus tibetain que le Tibet'. Encore maintenant, chaque printemps apporte son lot de refugies qui ont traverse les cols de l'Himalya et qui sont soignes a leur arrivee a Dharamsla, et meme souvent accueillis personnellement par le Dalai Lama. Entendons-nous bien, je ne suis pas un fan inconditionnel de cette societe tres traditionnelle, mais le malheur de ce peuple est poignant quand on y est confronte sur place, et je suis d'autant plus decide a ne pas mettre les pieds en Chine, et surtout pas la Lhassa, qui est devenu au mieux un centre commercial, au pire un bordel.
Le 'centre' de McLeod Ganj
... et cultures en terrasse au-dessus de McLeod Ganj.

Mais revenons a des choses plus legeres. Dalai Lama ou pas, on est quand meme en Inde, et comme d'habitude on est surpris. Forcement, McLeod est peuple de tibetains, mais aussi d'indiens qui font du commerce et d'occidentaux en quete de spiritualite, et ca donne un sacre melange! En arrivant apres plusieurs semaines d'Inde pure et dure on se sent un peu depayse: autres visages, autres comportements, autres habits, autre cuisine aussi (les 'momo' tibetains sont partout), pacotilles tibetaines, mais surtout il a toute cette faune occidentale qui se prend parfois tres au serieux: yoga, meditation, medicine, musique... tout est tibetain. Certains s'y appliquent bien, mais il a quand meme pas mal de jeunes mecs hirsutes qui pensent avant tout a la fumette et des femmes entre deux ages a la recherche de leurs shakras egares... Le mot qui revient le plus souvent est 'free': 'Free Tibet' dans les magasins et 'free WIFI' dans les guest-houses. Ce qui est remarquable aussi c'est qu'ici tout le monde est habille en 'North Face', meme les vendeuses de bracelets dans la rue, car tout est rigoureusement de la contrefacon. Je me suis equipe d'une magnifique polaire pour le prix d'un sandwich en Europe.... mais rien de garantit sa durabilite.

En ce qui nous concerne ou avant tout apprecie le changement de paysage: depuis McLeod -en fait depuis notre chambre!- on voyait directement les premiers sommets enneiges de l'Himalaya dans les 5000 metres et il est tres facile de se ballader dans les forets alentour, avec en prime de jolis langurs (en gros de tres beaux et gros singes).  Au debut on a aussi profite d'un retour a un climat plus tempere apres le Rajastan: 25 degres le jour, 15 la nuit, sauf que ca n'a pas dure.

Apres quelques jours nous avons decide de monter a Triund, une crete herbeuse dans les 3000 metres, au-dessus de McLeod, et d'y passer la nuit. Notre premier 'trek', en somme (en fait ici tout est un 'trek' des qu'on se deplace plus d'une heure sans force mecanique). En plus le genie commercial indien a tout prevu: tentes a louer ou batiments en dur, paillottes avec produits de premiere necessite, etc. Tout ce qu'il faut sauf de l'eau courante et des toilettes --eh oui, on est en Inde, hein. Et de fait la montee etait magnifique, d'abord a travers de petits villages de montagne puis dans une foret de rodendrendrons, et la sommet aussi s'est avere magnifique. Et au niveau humain on n'a pas ete decus non plus: un peu comme en bas, mais en plus caricatural. Je decris en vrac: des moines et des nonnes tibetaines qui font des selfies avec leur appareil photo, de jeunes indiens qui font des feux de camps et boivent de la biere locale, des indiens plus ages qui sont montes en t-shirts (et qui allaient bientot le regretter) et bien sur des baba-cools occidentaux hirsutes qui cultivent leur look en se faisant un point d'honneur a se ballader pieds-nus et enveloppes de chales (quand je vous disais qu'ils se prennent au serieux). Comme on redoutait la pluie, Cecile et moi avions opte pour un logement 'en dur' et on a bien fait: des la fin de la journee, un orage a eclate et il a dure... 3 jours. Bien sur nous sommes descendus le lendemain sous la pluie mais au moins on a dormi au sec! Entre temps on a socialise autour d'un feu de camp pendant une accalmie, au son de mantras hindous et de chansons improvisees par les baba-cools. Quels bande de marioles....
Triund avant l'orage
Confort thermique et decontraction maximale:
en short et legging devant notre 'bungalow super deluxe VIP' 

Bon, du coup on s'est retrouves sous la flotte et dans la froidure a McLeod -ou il n'y a jamais de chauffage. Il etait temps de bouger, et nous sommes alles a Manali, toujours au pied de l'Himalaya, mais 250km plus a l'est (ce qui fait 8 heures de route, par ici). Manali est une station de montagne a 2000 metres avec ses boutiques, ses restos et ses guest-houses, meme si l'endroit connait une certaine segregation: 'new Manali' est un gros bourg moderne et assez hideux ou se rendent les indiens, tandis qu'un peu plus haut 'old Manali' est un village plus ancien ou ne vont pratiquement que des occidentaux --et en l'occurence beaucoup d'israeliens, qui en ont fait une veritable colonie, sans faire de mauvais jeux de mots. Oui tout ca c'est tres bien sauf qu'ici aussi il a flotte pendant des jours a notre arrivee et la neige n'etait pas loin. 'Incroyable pour la saison', d'apres les locaux, et pas de chauffage non plus. Donc petit moment d'autarcie et de repos....  Nous nous sommes quand meme dument equipes de bonnets et de chales en poil de yak. Je vous assure, c'est tres chaud et c'est terriblement tendance a Old Manali pour le moment. J'en entends qui disent 'oh les pauvres, il pleut, on ne va pas les plaindre, en plus!' Ok ok, on s'ecrase et on se mouche un coup.
Les gros bonnets...

Depuis hier le soleil est enfin sorti, et ca va durer. On s'est deja ballade dans le haut de la vallee, et vraiment le soleil ca change tout en montagne: les villageois sont sortis de leur maison, on les voit travailleur dans leur jardin et leur verger. Ici c'est le coin des pommiers et des cerisiers, et tout ca est du plus bel effet sur fond de ciel bleu et de pics a 6000 metres. On s'est aussi apercus qu'ici tout pousse, en particulier le cannabis, qu'on trouve comme des mauvaises herbes meme au bord des routes (je comprends mieux ce que font les paysans l'hiver, maintenant. Dans les Alpes ils ont la gniole, ici c'est les plantes). En plus cet apres-midi a eu lieu l'anniversaire de la divinite locale (ne me demandez pas son nom), ce qui donne lieu a une kermesse haute en couleur, on a du mal a croire qu'on est dans une vallee himalayenne.
Vergers et montagnes
Le chanvre est indien, forcement

Voila, demain on part pour un trek, un vrai, 3 jours avec un guide et peut etre deux autres occidentaux. Vu que la neige est encore tres bas dans les montagnes on ne va pas monter bien haut, mais au moins on sortira du village avant de quitter -provisoirement- l'Himalya la semaine prochaine.

Special bonus (les photos de notre logis, plus bas, mais aussi quelques infos glanees dans les journaux locaux):
- les nationalises hindous ont gagne les elections, ca vous le savez maintenant. mais le futur premier ministre, Modi, est toujours interdit de visa pour les USA a cause de son implication dans le massacre de musulmans en 2002. commentaire lapidaire du departement d'etat US: 'devenir premier ministre n'est pas une garantie d'avoir un visa'.
- selon l'OMS, parmi les 20 villes du monde ou l'air est le plus pollue, 13 sont en Inde.
- d'apres une enquete a bombay, 2 chauffeurs de taxi sur 3 ont une mauvaise vue.

Allez, bises a tous! ---MARC

A McLeod Ganj
A Manali







jeudi 8 mai 2014

Chaleur et beautes du Rajasthan

Comme nous le disions precemment, il a fait vraiment tres chaud au Rajasthan, nous avons doc adapte nos veleites de tourisme aux conditions un peu extremes de 40 degres toute la journee, voire la nuit. Nous nous sommes aussi convertis temporairement a la clim - que nous reglions sur 30 degres pour ne pas avoir... froid- histoire de pouvoir dormir.

Nous avons aussi choisi d'eviter les grandes villes (dont Jaipur, 3 millions d'habitants) et le desert, les dromadaires aussi ont droit a des vacances!

Apres Udaipur, charmante petite ville au bord d'un lac dont j'ai deja parle, nous avons visite Jodhpur, la ville bleue avec son magnifique fort/palais et ses dedales de rues et de bazars. Beaucou de maisons sont peintes en bleu, au depart car elles appartenaient a des brahmanes qui venerent vishnu dont le visage est bleu et par la suite parce qu'apparement, le bleu eloigne les moustiques (???). Avons bien sur visite le magnifique palais en pierre rose qui domine la ville et decouvert aussi un merveilleux jardin en terrasses avec fleurs et grenadiers, un ilotde verdure et de fraicheur bienvenu. Sinon, ville tres tres bruyante, meme la vieille ville envahie par les 2 roues et les tuk-tuks (voir l'article precedent de Marc sur les transports) et donc entre la chaleur et le bruit incessant des klaxons, nous avons ete assez contents de partir vers des endroits un peu plus ruraux et calmes.


Au paradis du textile....




 





























Nous avons pour une fois choisi la facilite pour le transport: une voiture avec chauffeur, afin de pouvoir visiter un peu la campagne et de beaux sites impossible a atteindre en train ou en bus. Dans cette regions, les paysages oscillent entre presque desertique et plus vallone avec des puits ou sources car certains endroits sont de petites oasis de verdure. Les indiens semblent avoir un veritable art de l'irrigation depuis des siecles. Nous avons vus des norias activees par des boeufs dans la campagne.

En chemin, avons visite le monument qui m'a semble le plus beau depuis notre arrivee en Inde, le temple Jain de Ranakpur (religion tres ancienne plutot sympatique qui prone la non violence envers tout etre vivant et l'honnetete). Des dizaines de piliers sculptes dans le marbre blanc, des plafonds ciseles en fleurs de lotus geantes, des dizaines de statues, un endroit vraiment extraordinaire.






















Et puis ensuite, avons passe quelques jours bien agreables a Pushkar, gros bourg qui est avant tout un endroit de pelerinage hindou avec des ghats (escaliers) au bord d'un lac pour les bains rituels et le plus grand marche de dromadaires d'Inde (en Novembre) et un rendez-vous des hippies depuis les annees 70. La ville est pleine de temples de toutes tailles ici, les gens se baignent dans le lac, les vaches sont partout et leur offrir a manger fait partie des rituels. J'ai trouve l'ambiance au bord de ce lac d'une extraordinaire serenite, marbre blanc des monuments, lumiere rose sur l'eau et rituels de baignade enjoues... nous sommes restes des heures a juste regarder les gens, les vaches qui se balladent, les paysages... un peu l"Inde eternelle je suppose!




















Nous avons habite dans 2 endroits differents, d'abord dans une guesthouse toute simple mais avec une petite piscine et un jour, alors que je me baignais, toute une troupe de signe est arrivee et a commence a m'observer en buvant l'eau de la piscine, experience un peu surrealiste: on est toujours le zoo de quelqu'un! Ensuite, nous avons aussi habite pendant 2 jours dans un tres beau haveli (sorte d'ancienne maison de maitre sur plusieurs etages avec cour interieure), vraiment tres agreable!



Pour changer un peu de l'hindouisme, nous sommes alles a Ajmer visiter  le tombeau d'un saint musulman sufi, Khwaja-Muin-uddin-Christi. Grande ferveur, surtout dans le mausolée lui-même (ou nous avons meme pu entrer), les gens versaient des plateaux de petales de rose. Il y a tout un petit village autour de ce mausolée avec marchands, musiciens, bassins d'ablution et endroits pour se reposer, vraiment un drole d'endroit!

Pour terminer notre sejour au Rajsathan, quelques jours dans la petite ville de Bundi avec un beau palais et un fort asez decrepi. Ambiance bien sympathique meme s'il faisait de plus en plus chaud et que nous etions presque les seuls touristes. C'est la saison des mariages en ce moment, donc avons pu observer beaucoup de processions avec troupes de musiciens, danses et des feux d'artifices, vraiment tres pitoresque!




















Je vais m'arreter la, nous sommes maintenant arrives en montagne, a Dharamsala, lieu de residence du Dalai Lama et realisation d'un de nos reves, puisque nous approchons des himalayas, mais je laisse a Marc el soin de raconter la suite!

Grosses bises a tout le monde et passez un joli mois de mai!

Cecile