jeudi 3 juillet 2014

Bukhara-Khiva-Samarkand-Francfort... Strasbourg

Vous l'aurez compris, cet article annonce la fin de ce voyage et j'ai le cœur un peu serré en l’écrivant, même si je suis contente de rentrer passer l'été en France et que je sais qu'il est facile de repartir, incorrigible voyageurs que nous sommes...

Mais revenons sur la Route de la Soie! Le trajet de Bukhara a Khiva a comporté tous les éléments d'un voyage comme on les aime: taxi collectif sur 500km (6 heures de route), fameuse  "taxe touristique" pour le prix du billet (sans doute 30% de plus que les locaux), nous devions être 4 passagers et je me suis retrouvée avec un gamin de 12 ans quasiment sur les genoux, soit-disant pour 40 km puis pour 100 km, jusqu’à ce qu'on râle au bout de 2h et que le gamin déménage sur les genoux du type devant. En prime, le chauffeur qui est soit qu téléphone soit en train de s'endormir et les autres passagers patibulaires qui s’étalent et s'endorment sur nos épaules! Et bien sûr, pas de clim pour traverser le désert du Kyzylkum, 60 degrés au soleil! Pause dans un endroit improbable avec contrôle de police, tente café, désert jonché de détritus et pipi derrière le buisson rabougri de la prochaine dune - ça manquait de dromadaires mais nous a quand même donné une idée des plaisirs des caravanes!


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Arrivée à Khiva et soudainement, fin du désert, plein d'arbres fruitiers, champs de coton au bord du fleuve Amou-Daria (qui nait dans les montagnes du Pamir et se jetait dans la Mer d'Aral quand elle existait encore).  La vieille ville de Khiva entourée de ses remparts est par contre une endroit quasiment uniquement minéral: mosquées, madrassas et maisons faites de briques et de pisé dans les ton jaunes qui contrastent magnifiquement avec les céramiques bleues et vertes des bulbes et des ornements. Khiva est une ville de 200.000 habitant es dont les monuments remarquables datent du XVIII. Mais la vieille ville a vraiment quelque chose de féerique à tous les moments de la journée. La chaleur est encore plus intense ici  les rues sont vides dans l’après-midi, donc on a un peu l'impression que l'on est dans un autre monde au milieu de ces remparts et de ces hauts murs et que le temps s'est arrêté. Quand les ruelles s'animent et que les commerces ouvrent, on peut réellement s'imaginer la vie au temps de la splendeur de la ville, quand les chameaux et ânes par dizaines amenaient les marchandises dans les bazars. Le soir, la lumière du couchant enveloppe les murs jaunes et les céramiques bleues de teintes douces et magnifiques. Et la nuit, les ombres des minarets, les bâtiments peu éclairés et les lits des habitants sortis dormir dans leurs jardins donnent l'impression d’être dans un conte des mille et une nuits.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
J'ai donc beaucoup aime Khiva, mirage de pierre au milieu de nulle part.



Le voyage Khiva-Samarcande a également tenu ses promesses: 15 heures dans un train couchette soviétique. Train vieillot mais plutôt confortable et avons passe une belle soirée dans le wagon restaurant -malgré les 50 degrés!- à déguster quelques bières de moins en moins fraiches en admirant le coucher du soleil sur le désert. Magnifiques paysages de la vie rurale au petit matin et arrivée sans encombre à 6h à Samarcande, ultime étape de ce voyage.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Samarcande, ville mythique, visitée par Alexandre le Grand, par les Polo, par Ibn Batuta, détruite par Gengis Khan au XIIIe siècle et qui connut la grandeur quand elle était la capitale de Tamerlan, puis la ruine à partir du XVIIIe. Les monuments construits par Tamerlan et ses descendants au XVe siècle sont  grandioses, plus impressionnants encore que ceux de Bukhara ou de Khiva, mais les larges avenues vides laissent une impression étrange.. En réalité, tout a été rénové quasiment entièrement et en 2009, les autorités - le président dictateur Karimov originaire de Samarcande - on décidé de "recréer" la ville pour cacher et séparer les monuments historiques des quartiers populaires dans lesquels ils étaient imbriqués. Un mur a été construit tout autour du quartier historique, des maisons rasées, des commerces détruits et le tout, aseptisé, ce que l'on ressent clairement en se promenant ici. Voir un article complet a ce sujet: http://blog.mondediplo.net/2011-02-18-Ainsi-meurt-l-ame-de-Samarcande

Mais ne boudons pas notre plaisir. Samarcande est un décor de rêve parsemé de monuments incroyables mais aussi une ancienne ville russe très agréable aux larges boulevards plantés de beaux arbres, parcs ombrages et belles maisons du XIXe (c'est assez rare dans ces villes d'Asie Centrale pour être noté!).
 
 Le Registan et la plupart des monuments étaient quasiment en ruine jusque dans les années 80 et la rénovation est extraordinaire: portails monumentaux, céramiques d'une richesse que nous n'avons vue nulle part ailleurs et équilibre des constructions. Nous avons en particulier beaucoup aimé la nécropole Chah e Zindeh ou sont fait enterrés des émirs, reines et personnages importants du XIIIe au XVe siècle.



















L’Ouzbékistan nous a aussi offert quelques belles rencontres d'autres voyageurs dans les cours ombragées des auberges autour d'une petite mousse locale et entre les matches de foot. La Route de la Soie fascine toujours et les voyageurs au long cours sont assez nombreux, couples suisses à vélo depuis Bern, français en voiture depuis la Savoie, Chinois faisant la route à vélo dans l'autre sens avec son caniche.
 
Finalement, notre belle aventure de 4 mois en avion-train-bus est plutôt modeste!



Et voilà, arrivée ce matin de Tachkent à Francfort puis 2 heures de train pour Strasbourg où nous avons croisé le train chargé d'eurocrates qui partait pour Bruxelles, cravates et sacs à dos qui se croisent! Atterrissage en douceur dans l'été alsacien qui nous a quand même laissés un peu perplexes, étonnés d'être là... conclusion à 4 mains à suivre...