vendredi 2 mai 2014

L'Inde pratique: des transports et autres sujets

Namaste mes amis. Comme l'annoncait Cecile precedemment, je vais faire une rubrique speciale 'vie pratique' , avec en particulier les transports. Pourquoi? Mais parce que tout voyageur en Inde passe pas mal de temps dans les transports ou a penser aux transports. Car ici en general c'est l-e-n-t et il faut se preparer un minimum. Sauf si vous optez pour la solution de facilite, a savoir la voiture avec chauffeur, mais alors vous risquez de passer a cote de beaucoup de choses.

La route:

La route a donne lieu a l'expression 'routard', c'est dire si c'est important. Amis occidentaux: en Inde oubliez tout ce qu'on vous a patiemment appris sur les deplacement effectues sur roues (deux, trois, quatre ou plus). Tout d'abord il faut accepter qu'ici le plus important sur un vehicule n'est pas forcement le moteur, les freins ou le volant, mais... le claxon! Tandis que chez nous l'utilisation du claxon est l'exception, ici c'est la regle, le plus souvent et le plus fort possible. Le claxon sert a tout dire: je suis la, j'arrive, je pars, je suis devant, derriere, a droite, a gauche, dans un virage, etc. En ville il n'est pas rare que les conducteurs de mobylettes roulent en claxonnant pratiquement sans discontinuer. Et sur route de campagne il est impensable qu'un vehicule ne claxonne pas avant, pendant et apres tout passage a proximite d'un etre humain -que ce dernier soit lui-meme a bord d'un vehicule ou pas. Par exemple tous les camions portent a l'arriere l'inscription 'HORN OK', pour bien rappeler qu'il ne faudrait surtout pas les depasser sans claxonner abondamment. Je suppose que c'est une habitude liee au trafic 'mixte' entre humains, animaux et vehicules a moteur, mais maintenant que les villes sont engorgees par les mobs et les voitures, ca peut devenir un peu penible. C'etait le cas par exemple dans les ruelles de la vieille ville de Jodhpur. Franchement je ne sais pas comment font les commercants qui sont assis toute la journee devant leur porte.

La mobylette (pardon: le cyclomoteur, je ne voudrais pas etre accuse de faire du placement de produit sur ce blog) est un cas interessant car elle sert souvent non seulement de vehicule utilitaire (a l'aide de sacoches ou d'un passager muscle et acrobatique pour porter bidons se lait, stocks de tissus, mirroir, sacs de ciment, etc) mais aussi de vehicule familial. Pour le moment le record a battre est une famille de 5 personnes sur une seule mob: l'enfant le plus petit devant, sur le reservoir d'essence, puis en general un ou deux autres enfants, puis la mere a l'arriere, histoire de verifier qu'elle ne perd personne en route. En general ca se passe bien, j'ai meme vu un p'tit gars dormir sur le reservoir d'essence pendant la conduite. Bon forcement par rapport a un monospace il manque un peu de volumes de rangement, mais on ne peut pas tout avoir... Si c'est seulement un couple, alors la femme est souvent assise en amazone, ce qui est du plus bel effet avec ces saris de toutes les couleurs.

Bon ok, mais Cecile et moi on ne se deplace pas souvent en mob (on en a fait une fois, a Goa). Non, nous c'est les rikshaws (les triporteurs taxi qui se faufilent dans le trafic comme de gros insectes) ou le bus pour aller d'une ville a l'autre. Et la encore, oubliez vos reperes. Prenons deux exemples. D'abord le 'local bus'. C'est en general un vehicule collectif reduit a sa plus simple expression: pas de portes, pas de fenetres, pas de soutes. Et jamais moins de ... 40 ans, disons. Comme nous evoluons dans une economie de marche, le but est bien sur de le remplir un max, et la aussi les indiens sont doues: chaque bus est pourvu d'un 'bus wallah', un type qui reste a l'entree et crie a tue-tete la destination du bus pour attirer le chaland. Et donc ca se remplit petit a petit: les sieges, l'allee, l'ex-cabine a l'avant (espace VIP pour les jolies femmes et les occidentaux comme nous) et parfois le toit. Ce qui ne cesse de m'etonner c'est qu'aux cris du bus wallah, certaines personnes dans la rue decident effectivement de monter dans le bus ou pas, comme si elles se disaient 'tiens, et si je me tapais une heure de bus, la'. La securite est garantie par un facteur essentiel: la lenteur. Il faut compter une petite moyenne de 20km/h, a tel point que dans les montees, par exemple, le bus wallah a le temps de sortir et faire une petite offrande a l'un des autels hindous qui ne manquent pas d'orner les routes. Inutile de dire que nous n'empruntons les local bus que pour les courtes distances --c'est pas qu'on est presses, c'est aussi qu'il fait un peu chaud pour le moment, vous vous souvenez? Pour les distances plus longues et en absence de lignes de train, nous avons recours au systeme prive des 'bus VIP' ou 'deluxe', pour lesquels il faut reserver et qui ont l'immense avantage d'avoir des soutes et des places assises garanties. Mais ca reste tres indien: au moment de la reservation, la personne de l'agence vous montre une belle photo -piquee sur internet- d'un immense bus flambant neuf, souvent un Volvo, avec des exclamations 'super-deluxe VIP' et 'air condition'. Mais ensuite quand on voit le bus en vrai, comment dire... on dirait un peu le grand-pere du bus sur la photo, avec du mastic sur la carrosserie, du scotch sur le pare-brise et un levier de vitesses comme une canne de pelerin. Mais le principe est respecte: horaires fixes, places reserves, soutes a bagages. Sauf la clim, faut pas rever, quand meme. Par exemple entre Goa et Bombay nous avons experimemte le 'night sleeper bus', qui est donc un bus de nuit, sur lequel on a remplace les sieges par des couchettes, dans le sens de la longeur. C'est assez confortable, le seul inconvenient etant les haltes nocturnes. Et pour les paranos de la securite, encore une fois je les rassure: nous avons parcouru les 700km en 14 heures, donc ca va aller.
En fait pour les longs trajets il faut priviligier le chemin de fer.

Le train:

Le train c'est cool en Inde. Lent aussi, mais cool. Il faut reserver sa place et sa categorie parfois longtemps a l'avance, mais c'est la meilleure facon de parcourir le pays. Pour le trajets de jour nous choisissons la 2e classe, sans clim mais qui permet d'apprecier les paysages (il n'y a pas de fenetres... juste des barreaux pour empecher la foule de monter ou de descendre avant l'arret du train).
 Pour les trajets vraiment long  nous choisissons la categorie '3AC', ce qui signifie clim avec des banquettes en cuir qui se transforment en 3 lits superposes en fonction du moment ou de l'humeur des voyageurs. Les draps sont laves de frais, on se laisse bercer... C'est confortable, sur, et sympa pour parler aux indiens qui sont dans le meme compartiment (6 personnes plus 2 cote couloir). Contrairement aux autorails francais, on ne risque pas d'y mourir de soif ou de faim: a tout bout de champ des gars passent pour vendre des boissons fraiches, du the, des galettes, des gateaux. Il n'y a pas de wagon restaurant par contre il y a une cuisine: vers midi on peut faire sa commande et une heure plus tard on recoit son biryani vegetarien ou des galettes aux legumes.
La encore on prend son temps: le train est en general plus lent que la route, mais le reseau indien est vraiment impressionnant et offre a peu pres toutes les options de trajet possibles, depuis la pointe meridionale en face du Sri Lanka jusqu'a Darjeeling au pied de l'Himalaya.

Voila, c'etait la rubrique voyage voyaaage.

Je termine en completant un peu ce qu'ecrivait Cecile la derniere fois sur la gestion des dechets. En fait, apres en avoir parle avec d'autres personnes, le probleme est aussi lie a cette satane question des castes. Traditionnellement les gens jetaient tout par terre car les intouchables etaient la pour nettoyer. C'est toujours le cas (en general des femmes ou des fillettes passent le balai dans la rue et ramassent les plastiques, ca se voit), mais la masse de dechets est devenue tellement importante ces 20 dernieres annees que ce systeme a fini par ne plus fonctionner. Donc c'est un des defis du pays, parmi d'autres. Tous les pronostics des elections donnent la victoire au candidat du BJP, le parti nationaliste hindou. Les arguments rappellent ce que l'on entend en Europe en ce moment: 'les autres partis ont echoue', 'je vous promet de mettre fin a la corruption et a la pauvrete' (haha), 'nous allons construire de nouvelles routes et des egouts partout' etc. On verra bien. Ce qui est sur c'est que les indiens ont une soif de developpement et ce sont les pouvoirs publics qui ne suivent pas, c'est a dire tout le contraire de grand voisin chinois, ou un regime dictatorial impose le 'progres' a coup de projets pharaoniques et de villes nouvelles a des populations qui n'en demandent pas tant. On verra dans quelques decennies quel modele est le moins mauvais.

Et la vraie fin pour aujourd'hui: a partir de maintenant on va prendre des photos des endroits ou on dort (on aurait du le faire des le debut en Australie, mais bon, on prend deja assez de photos comme ca). Donc ci-dessous nous sommes dans nos chambres a Jodhpur et a Pushkar (admirez au passage notre integration stylistique apres 3 semaines d'Inde).

Ciao ciao! -- MARC
En habits de lumiere a Jodhpur

Zen a Pushkar

Nuit au palace a Pushkar


Aucun commentaire: