vendredi 30 mai 2014

Varanasi, l'Inde dans tous ses etats

Namaste!

Nous en etions restes a Delhi, or voici que nous sommes a peine de retour de Varanasi et j'ai plein de choses a vous raconter avant de repartir demain pour notre derniere destination en Inde, le Ladakh et ses cimes bouddhistes. Au fait, pourquoi on fait des aller-retours comme ca? Tout simplement pour des raisons climatiques car jusqu'a present il faisait trop froid au Ladakh (les routes des cols pour y arriver commencent a peine a etre deblayees, du coup on y va en avion) et aussi pour des raisons administratives (on doit aller et revenir a Delhi pour faire les visas pour notre prochaine destination. Suspense...). Mais revenons a nos vaches a Varanasi. La aussi on a fait l'aller-retour en avion car franchement se taper deux jours de bus et de train en Inde c'est juste pas possible quand il fait 45 degres (oui oui, record battu aujourd'hui: 47 degres avant l'orage du soir).

Varanasi est un des lieux habites les plus anciens au monde (le titre est dispute entre Jericho et Varanasi mais a en croire les locaux, 'la ville a ete fondee par Shiva en meme temps qu'il a cree le Gange il y a 100.000 ans'. Bien sur). C'est un lieux sacre pour les hindoux qui viennent venerer le Gange (Ganga) et se purifier de leurs peches en y faisant leurs ablutions, mais surtout en raison des cremations qui parait-il menent les morts directement au Nirvana.
Rassurez-vous, nous n'avons jamais touche l'eau du fleuve....

Je faisais reference a l'Inde dans tous ses etats car ici tout est reuni: la foule des humains, les vaches qui errent dans les rues de la vieille ville et le long du fleuve, et les morts dont on "s'occupe" a deux endroits precis. Ici encore il faut oublier ses reperes: humains et animaux, vivants et morts se cotoient dans un desordre que seul des Indiens peuvent comprendre.

Nous avons passe des heures sur les 'Ghats' (les escaliers) a observer toute cette faune et ses rituels dont la grande partie nous echappe. Des indiens de tous ages s'immergent dans le fleuve en psalmodiant leur prieres. Juste a cote, des lavandieres et de robustent gaillards lavent du linge en le savonnant et en le frappant sur des pierres. Plus loin un troupeau de buffles se trempe dans le fleuve et sur la rive des gamins improvisent un match de criquet en prenant soin d'eviter les bouses de vaches. La rive est non seulement amenagee en escaliers mais aussi parsemee de vieux palais, parfois a peine entretenus, construits au fil des siecles par des Maharajas de toute l'Inde.
Salutation au fleuve

Le soir, au coucher du soleil, nous avons assiste aux celebrations de 'salutations au fleuve', avec des centaines de spectateurs sur des barques et une foule compacte sur les ghats. Pendant une heure, un groupe de Brahmanes, alignes sur la rive, execute un long rituel coordonne avec de l'encens, des torches et divers objets sacres au son d'un orchestre assis derriere eux. Tout ca est tres organise, avec haut-parleurs, lumieres, CD en vente pendant le spectacle et service d'ordre minimum pour que les gens restent assis. Au milieu de la foule, les Sadhus sont assis et proposent de se faire prendre en photo contre quelques roupies: ils sont chevelus, le visage peint, le corps a peine couverts et ils n'ont rien, ils dorment dehors sur les marches et se nourrissent de ce qu'ils recoivent en aumone. Sur le fleuve flottent les cierges entoures d'oeillet d'Inde que les pelerins (et meme nous!) deposent pour proteger leur famille.



Et puis il y a les cremations. Alors oui, ca se voit et ca se visite, pour la simple raison que c'est la, sous les yeux de tous. Il y a deux Ghats de cremation: un bucher principal de bois, au nord, et une cremation 'electrique' au sud, mais qui comprend aussi un lieu de cremation au bois. Nous n'avons pas eu l'envie ou la curiosite morbide de nous approcher de trop pres, mais a moins de faire un enorme detour dans les ruelles crasseuses de la vieille ville il est impossible d'echapper a la vue des cremations. La legende veut que le bucher principal ne ce soit jamais eteint depuis des millenaires, et en effet lors de notre tour en bateau a l'aube, des 5 heures du matin des barges chargees de bois venaient ravitailler en combustible les cremations qui battaient deja leur plein. Pour etre precis, certaines categories de personnes ne peuvent pas etre brulees et leur corps est laisse 'tel quel 'au fleuve: les bebes, les femmes enceintes et les personnes mortes de morsures de serpents. Quand on demande aux indiens s'ils ne trouvent pas ca degueulasse, de laisser ces cendres et ces corps dans le fleuve qui baigne leur ville, ils repondent prosaiquement que 'les poissons s'en occuppent, et les poissons sont dans le fleuve, et le fleuve a ete cree par Shiva, donc les corps vont a Shiva'. A la fois mystique et logique. Voila, malgre nous, nous avons donc apercu ce que l'on ne voit jamais dans un pays occidental. Mais ici a Varanasi, la mort fait partie de la vie.
Le Ghat des cremations

C'est donc assez surrealiste de voir tout ce petit monde depuis la terrasse de notre hotel, en sirotant gentiment un jus de fruits, et d'entendre le son des prieres la nuit alors que nous sommme allonges sous le ronronnement du ventilo (je precise que l'hotel etait nickel, un des meilleurs services depuis qu'on est en Inde). Que de contrastes....

Ca c'etait Varanasi la fascinante. Il y a aussi Varanasi la degoutante.... Amis lecteurs qui n'etes jamais alles en Inde: si vous voulez aller en Inde, ne commencez pas par Varanasi. Depuis le temps qu'on est la, on a vu que l'Inde est certainement le seul pays au monde ou on peut voir: un policier pieds-nus regarder sans broncher des voitures qui grillent les feux rouges, des immeubles construits avec des echaffaudages de bambou, un serveur de restaurant se brosser les dents pendant que vous mangez, un type accroupi au bord de la rue se faire chauffer un the en faisant bruler des bouses de vache sechees, des vaches et des tracteurs en contresens sur l'autoroute, etc. Mais la crasse de rues de Varanasi, ca c'est inoui, c'est innommable. Je n'arrive pas a comprendre comment un peuple avec une telle spiritualite, une telle culture artistique (et culinaire, par exemple), et qui plus est une democratie de plus d'un milliard d'habitants, bref, je ne comprends pas comment ces gens peuvent vivre entoures d'une telle salete. Ca me depasse, et le pire c'est que parfois on dirait qu'ils font expres. A Varanasi ils ont installe des urinoirs sur certains Ghats, mais tous les mecs pissent systematiquement A COTE. C'est effarant, il n'y a simplement aucune notion d'espace public: pour eux c'est un vide ou on fait literallement tout ce qu'on veut....

Bon, encore un mot sur Delhi avant de finir: mis a part l'hyper-centre ou se trouvent les hotels et old Delhi, la ville est dans l'ensemble plus ordonnee et plus moderne que le reste du pays. Une experience incroyable est le metro: apres la cohue, le passage des portiques de securite aux rayons X (dans chaque station...) et l'achat du jeton a usage unique, on se retrouve dans des rames parfaitement modernes, calmes, propre et climatisees... c'est un havre de paix dans le foutoir indien et rien que pour ca je suis pres a depenser les 15 centimes du trajet. Mais des qu'on veut sortir ou rentrer, l'Inde normale reprend ses droits et il vaut mieux ne pas etre agoraphobe..

Deux mois d'Inde.. et voila le look ...
Voila, portez-vous bien! --- MARC

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