vendredi 13 juin 2014

Ladakh, le pays des cols (suite) et Inde (fin)

Mes biens chers!

Ce soir est notre derniere soiree en Inde et c'est seulement depuis cet apres-midi a 16h15 que nous sommes enfin surs de continuer demain vers ... le Kazakhstan! Le suspense a ete long et eprouvant pour nos nerfs ces derniers jours car ces messieurs-dames des consulats du Kazakhstan et de l'Ouzbekistan ont pris un plaisir presque sadique a nous laisser mijoter jusqu'a la fin (3 semaines apres notre demande!) pour finalement nous octroyer un visa a la derniere minute. Mais on y est arrives! Pour commencer: petit retour en arriere pour continuer avec nos peripeties dans la derniere region visitee, le Ladakh.

La derniere fois Cecile avait decrit par le menu nos visites de monasteres et de monuments bouddhistes dans la vallee de l'Indus. Mais Ladakh signifie 'Pays des Cols' en langue locale puisque la region est parsemee de montagnes, de vallees et donc de cols. Alors forcement on ne peut pas rester au Ladakh sans se frotter un peu a la montagne.... ce que nous avons fait, d'abord en voiture puis bien sur a pieds. Vu le relief et l'altitude, ce ne sont pas des cols de marioles: les vallees sont a 3500 metres d'altitude, les sommets entre 6000 et 7000, donc logiquement les cols s'echelonnent entre 4500 et 6000 metres.

Apres les quelque jours d'accoutumance necessaires a l'altitude (le temps de ne plus avoir l'impression de faire un jogging quand on monte seulement de deux etages) et apres la fin de la greve des fonctionnaires qui delivrent les permis d'acces aux zones frontalieres avec la Chine et le Pakistan (la greve est un concept universel), on a contacte une agence pour aller dans la vallee de Nubra en voiture avec chauffeur, ce qui signifie passer le Khardung La, c'est a dire la route carrossable la haute du monte: 5600 metres. Eh ouais... bien plus haut que le Mont Blanc, plus haut que le Caucase... et tout ca presque tranquillement en voiture avec un chauffeur un peu taciturne qui passait de la musique pop locale en boucle et accompagnes d'un autre couple de francais, deux trentenaires qui ont vendu leur appartement pour faire un tour du monde en un an (ils venaient literalement de debarquer au Ladakh deux jours apres le decollage de Roissy). Le Khardung La n'etait pas une fin en soi puisqu'il s'agissait d'un passage vers une vallee adjacente, mais ca nous a quand meme fait bizarre de nous retrouver a cette altitude, avec une petite pause de 10 minutes pour la photo et pour accrocher des drapeaux de prieres bouddhistes (c'est un rituel incontournable) et admirer les indiens en goguette (certains en tongs!), les occidentaux qui se font un point d'honneur a monter avec les motos 'Royal Enfield' 500cc de location, et quelques fadas qui essaient de faire le col a velo. En fait comme le Ladakh est un coin tres sec et assez chaud en ete, il n'y avait pas vraiment de neige au col et l'air etait piquant mais sans plus, pendant qu'au loin on admirait la barre du Karakarum avec ses sommets a 7600 metres qui marque la frontiere avec le Tibet occupe par la Chine.
Khardung La, 5600 metres
Vers la vallee de Nubra, et au loin le Karakorum

La valle de Nubra elle-meme est un monde en soi: un paysage sec, lunaire, avec seulement de la vegetation le long des rares cours d'eau, au point qu'a certains endroits le vent a fabirque des dunes de sable et.. qu'on y croise des chameaux de Bactriane. Les memes bestioles poilues qu'on trouve aussi en Mongolie et en Asie Centrale. L'endroit etait ferme aux etrangers jusqu'a la fin de annees 90 et petit a petit les villages s'ouvrent au tourisme. Il n'y a guere que le glacier du Siachen qui reste zone interdite car c'est la zone de conflit la plus elevee du monde: des soldats et des canons Indiens et Pakistanais se regardent en chiens de fayence a 5000 metres d'altitude sur la ligne de demarcation du Cachemire revendique par les deux pays. Mais rien de tout ca ne se devine dans la tranquille et magnifique vallee: des petits villages avec des campings de luxe et des guest-houses, un endroit ou l'on peut se baigner dans des sources chaudes, et bien sur encore des temples et des monasteres bouddhistes. Malgre l'afflux de touristes qui apportent de l'argent et des idees 'etrangeres', la vie des villageois est encore largement rythmee par les imperatifs de la nature, et je prefere ne pas imaginer comment est la vie ici l'hiver quand il fait -20 degres et que la vallee est coupee du reste du monde.

Apres Nubra en voiture on a quand meme voulu marcher pour de bon. Ici les treks font minimum 5 jours (cela va jusqu'a 20 jours pour les longs treks qui se terminent au sud, a Manali ou nous etions au mois de mai) mais comme on n'est pas venus specialement pour ca, contrairement aux centaines d'occidentaux (sur)equipes qui debarquent a l'aeroport, on a fait un boucle de deux jours pres de Leh. Et comme on est au Ladakh, tout est un peu plus grand et un peu plus exaltant qu'ailleurs, et 'une boucle pres de Leh' ca voulait quand meme dire passer le Stok La, un 'petit'col a 4900 metres... donc legerement plus haut que le Mont Blanc! L'idee nous plaisait et pour ne pas avoir de mauvaises surprises nous avons contacte un guide pour nous accompagner, meme si cela s'est avere inutile sur le terrain. Quoique... Le premier jour a ete tres court, on a passe l'apres-midi a Rumbak, un village avec des airs de bouts du monde: pas de route, pas d'eau courante dans les 11 maisons qui composent le hameau, et une vie rurale vraiment impressionnante car elle est authentique de la vie au Ladakh. Nous avons dormi chez l'habitant, chez un vieux couple (il n'y a pas de jeunes au village en ete, ils sont a l'ecole en ville) . Le soir les femmes rentrent les vaches, les hommes bricolent les maisons pour preparer l'hiver, chacun remplit un role que lui a attribue a collectivite: entretenir les canaux de la riviere, d'occuper des betes la journee, construite les murets autor des pres, etc... meme le tourisme est collectivise car chaque foyer accueille des etrangers a tour de role, ce qui evite les rivalites. Le soir nous avons mange des pates d'orge dans la piece la plus importante de la maison, la cuisine ou brillent des centaines de pots. Puis on a goute le 'tchang', une boisson de cereales frelatees legerement alcoolisee, qui fait office de bien locale. La encore nous realisons a quel point la vie au Ladakh est rude, avec ces montages et ce climat incroyable. Une blague locale dit que si on s'assoit moitie a l'ombre et moitie au soleil, le Ladakh est le seul endroit du monde ou on prend un coup de soleil sur le visage et des engelures aux pieds. Ceci vaut pour l'ete, bien entendu, car l'hiver il n'y a que froid, froid et froid (faute d'arbres le bois est rare, et pour se chauffer a la bouse sechee quand il fait -30...).
Le cafe du commerce, version Ladakh.
Dans les rues de Rumbak

Le lendemain le Stok La nous a reserve une petite surprise: au fur et et mesure de la montee le temps s'est assombri, et le passage du col s'est fait dans des bourrasques de neige, ce qui est tres rageant car tout ca a dure moins d'une heure, avant et apres le temps etait parfaitement normal avec un grand ciel bleu et quelques nuages innofensifs. Donc sur le moment la presence d'un guide nous a quand meme rassures... Ceci dit il fait beau au Ladakh mais le pentes sont raides et l'altitude est bien presente, et franchement nous n'etions plus tres vifs dans les derniers metres de la montee avant le passage a 4900.
Au Stok La, 4900 metres
Sale temps... normalemet on voit les sommets

Quoi qu'il en soit c'etait une belle experience, d'autant plus que la descente s'est fait par une magnifique vallee --ou nous avons encore croise des francais, qui partaient faire le sommet local, le Stok Kangri a 6100 metres. C'est un 6000 'facile' mais au Ladakh il faut prevoir tout le bivouac et le portage du materiel avec des chevaux.... y compris un cheval rien que pour porter la nourriture des autres chevaux puisqu'il n'y a absolument rien a brouter dans ce paysage lunaire... c'est un peu trop d'organisation a mon gout et je ne crois pas que les longs treks me plairaient...
Pause tricot pendant les beaux jours

Cela fait maintenant 2 jours que nous avons quitte le Ladakh, et malheureusement Delhi la febrile s'est ajoutee aux sensations eprouvees la haut dans les montagnes.  Pour moi le Ladakh a ete un veritable coup de coeur, j'y ai apprecie les gens, la culture, les paysages. Depuis des annees je voulais voir ce 'petit Tibet' et la realite a depasse mes attentes. Comme quoi la vie a de belles surprises en reserve.

Bon les cocos, vous allez rire car on voyage au long cours mais la on est a la bourre! On a un avion demain et plein de choses a faire encore :-)

bises a tous ---MARC










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